La gloire n'est pas à celui que l'on croit !

Je me présente, Chiara Suresh, habitante d’Innocence Bay. Je ne commencerai pas par vous parler de mes ancêtres dont la vie a été glorieuse, je ne fais pas partie de cette catégorie détestable de la population qui ne vit qu’à travers les exploits des autres. Vivre dans le passé et à travers les autres, c’est une bien mauvaise idée. Il existe des familles comme cela, qui nous rabattent les oreilles avec les héros de leur famille.

Toujours est-il que la grandeur et l’intelligence, ça n’est pas génétique, ça ne se transmet pas. J’en connais qui vous diront que les Suresh descendent d’une famille de malfrats, d’ivrognes, de bons à rien … C’est peut être vrai, je ne connais pas tous mes ancêtres, il y a des moutons noirs dans chaque famille. Cependant, je me demande ce qui est le mieux : avoir un ivrogne dans sa famille ou un tyran qui a causé la mort de millions de personnes ?
Oui, vu sous cet angle, l’histoire larmoyante et grandiose de certaines familles tombe à l’eau.

Il y a des gens sur cette terre qui se vantent de réussir mais tout compte fait, leur réussite n’est que normale. Quand on commence sa vie dans de bonnes conditions, on a de grandes chances d’avoir un succès phénoménal plus tard. Il n’y a rien de glorieux.
Cela n’a pas été mon cas, je ne compte pas sur Papa et Maman pour alimenter mon compte via leur chéquier. J’ai commencé ma vie dans la misère, j’avais un terrain immense sur lequel je devais obligatoirement planter un arbre dès le premier jour – plan d’urbanisation du quartier oblige – et ainsi me ruiner.
Oh, il y a bien des familles que je ne nommerai pas qui ont prétendu acheter l’arbre le premier jour mais qui en fait, l’ont fait beaucoup plus tard, une fois qu’ils en avaient réellement les moyens.

Ce n’est pas mon cas, quand il y a des règles à respecter, je les respecte. J’ai un certain sens de l’honneur et du devoir. Enfin bon, j’ai commencé ma vie sans emploi, avec 125 euros en poche et pas de meubles. Autant vous dire que pendant au moins plusieurs mois, j’ai trimé. J’ai frôlé plusieurs fois la mort, j’ai lutté contre le froid, la pluie, le vent, le gel ... Mais je suis là, prête à relever le défi ...

Les Suresh sont robustes, pas comme ces chochottes de O’Connell. Oui, mon ami Ulysse aime beaucoup vanter ses mérites et ceux de sa famille. Oh, c’est ce qui fait tout son charme.
Vous savez, Ulysse O’Connell est peut être la pire des saloperies du monde – il est vantard, prétentieux, médisant, grossier, malpoli, jaloux, aigri – mais il est parfois attachant. Enfin attachant, tout est une question de relativité ... Il nous prouve qu’il nous aime, mon grand ami Sam Conthajious et moi, en nous insultant en public, en nous rabaissant dès qu’il le peut. Mais on lui pardonne Sam et moi, car il est tellement ... Bah non, il n'est rien du tout, c'est juste que nous avons une grande âme !

Mais je me souviens encore d’un temps où il me comptait fleurette. Il était mignon à cette époque là, toujours aussi grossier, mais mignon.
C’était avant qu’il n’ait eu vent de mon arbre généalogique et de l’absence de dictateur dans celui-ci. Il s’est alors trouvé une nouvelle femme à conquérir : Brenda Létourneau, descendante de Mao Zedong, tyran à l’origine de beaucoup trop de morts. Mais c'est vrai qu'il vaut mieux avec des ancêtres connus pour les actes macabres qu'ils ont fait que des gens normaux, heureux et qui répandaient le bien autour d'eux à leur manière ... C'est évident !

Mais bon, c’est Ulysse ça, toujours à nous déprécier en public mais le plus doux des hommes en privé. Nous ne lui en tenons pas trop rigueur, mieux vaut rire à ses dépends, c’est tellement plus amusant. Il y a des gens comme ça, pour qui le bonheur se résume à un chiffre sur un compte en banque et à un certain prestige. Soit …