Zoé

Peu de temps après, Zoé entrait dans ma vie.
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans un bar à la mode du centre ville. J'étais sorti pour prendre l'air, elle avait rendez-vous avec son petit ami de l'époque.
Seulement celui-ci ne semblait pas vouloir pointer le bout de son nez et elle avait ce regard qui me fait tant craquer encore aujourd'hui. J'avais pris le temps pour me décider à aller lui parler ce soir là, ce fut une belle erreur. Car le soir de notre rencontre, nos yeux se contentèrent de se croiser et aucun mot ne fut échangé. La faute au médiocre petit ami qui avait finalement fini par arriver. Quelle ne fut pas ma surprise en voyant Ulysse O'Connell se diriger vers cette superbe beauté et présenter ses plus plates excuses pour son retard. Mais Ulysse n'a jamais été et ne sera jamais un gentleman. Il n'y a qu'à demander à Chiara Suresh pourquoi elle m'a préféré à lui quand nous étions plus jeunes ! Il n'a jamais su s'y prendre avec les filles. Et encore moins avec les femmes !

 

Notre deuxième rencontre avait largement rattrapé le manque de contact de la première. Nous nous étions littéralement télescopés sur la piste de patinage où nous nous trouvions tous les deux. Il y avait des jours que j'avais cessé de penser à elle, n'ayant aucun espoir de la conquérir après l'annonce de ses fiançailles avec Ulysse dans toute la presse locale. Un descendant douteux de pseudo-dictateur qui se marie, voilà ce qui intéressait les gens. Je m'étais fait à l'idée que cette fois, il avait eu ce qu'il voulait. J'avais eu mon heure gloire avec Chiara, il avait maintenant la sienne avec la jolie rousse. Et voilà que la belle refaisait une apparition, comme pour me rappeler ce que j'avais laissé passer.   

Je ne sais pourquoi mais je lui en voulais de s'être laissée prendre dans les filets de ce filou d'Ulysse. J'étais même prêt à me montrer désagréable envers elle mais dès que mes yeux eurent croisé les siens, ce fut comme si quelqu'un avait cousu mes deux lèvres entre elles. Aucun son ne voulut sortir de ma bouche. Elle avait cette grande expression de tristesse dans les yeux. Une expression que l'on n'aime guère voir dans les yeux d'une si exquise jeune femme. Je me suis dit que son fiancé avait sans doute encore oublié qu'ils avaient rendez-vous, occupé qu'il était à monter quelque arnaque dans les bas-fonds de la ville.
Elle avait d'ailleurs l'air si malheureuse que je n'ai pu m'empêcher de lui demander ce qui n'allait pas. La réponse m'a abasourdi ! Ulysse O'Connell l'avait laissée tomber pour une "grande dame" de l'aristocratie, issue elle aussi d'une longue lignée de dictateurs, une certaine Brenda Létourneau. Elle avait vraiment besoin d'être consolée et c'est avec plaisir que j'ai joué le rôle de l'épaule inconnue sur qui l'on peut compter le temps d'une soirée en espérant que cela dure plus d'une soirée. Je ne suis qu'un homme que voulez-vous !

Cette soirée s'était soldée par une échange d'adresses et de numéros, au cas où. Elle voulait absolument m'inviter à dîner, pour me remercier de l'avoir écoutée déballer ses malheurs. J'avais fini par me dire que peut être elle était tombée sous mon charme.
Le lendemain en me réveillant, je pensais que tout ce qui s'était passé durant la soirée n'avait été qu'un rêve de courte durée. Il était probable que Zoé ne me rappelle pas, après tout elle ne me connaissait pas plus que ça et avait juste profité de mon oreille attentive. Cela n'avait fait que raviver la flamme qui avait commencé à brûler il y a quelques semaines dans ce bar chic.
Quelle ne fut pas ma surprise de la voir devant chez moi, un bouquet de rose à la main une fois la nuit tombée.
Elle ne pouvait rester longtemps mais elle tenait à vérifier de vive voix si la proposition qu'elle m'avait faite était toujours d'actualité. Une si jolie femme qui vient me proposer de dîner avec elle ... aurais-je pu refuser ?